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1. Introduction

1.1. Notions d’introduction

Dans cette première leçon, vous survolerez les bases vous permettant de mieux situer et comprendre la langue wolastoqey. Vous découvrirez aussi des outils qui vous aideront tout au long de votre parcours d’apprentissage.

La tradition orale

La langue Wolastoqey se transmet, évolue et se transforme, de génération en génération, depuis des milliers d’années sur le territoire. En s’intéressant à la tradition orale, il est possible de mieux comprendre la richesse des enseignements contenus dans la langue wolastoqey par rapport aux valeurs, principes et traditions de notre peuple. Il existe une grande variété de récits qui sont parvenus jusqu’à nous. Certaines histoires nous apprennent l’origine des Wolastoqiyik et de notre rivière nourricière, la Wolastoq. D’autres racontent comment nos ancêtres ont reçu des enseignements essentiels, tantôt de Kewoluscap, tantôt de petites personnes venues des étoiles ou encore de certains animaux. La tradition orale raconte notre territoire, parle de personnages mythiques et évoque des transformations subies au fil des siècles dues aux variations du climat, aux vagues migratoires et à la colonisation, par exemple. Ce système de savoirs assure la transmission intergénérationnelle des connaissances essentielles à la compréhension de ce que c’est qu’être Wolastoqey. Apprendre la langue de nos ancêtres, permet de se rapprocher de ces récits et du caractère d’oralité qui caractérise leur transmission. Prendre le temps de s’intéresser à cet aspect incontournable de notre culture c’est aussi contribuer à garder notre mémoire collective vivante.
Wolastoqewatu! Parlons Wolastoqey!

Les deux types d’écriture

Il existe deux façons d’écrire le wolastoqey.
L’alphabet Teeter a été développé dans les années 1960 par un linguiste américain. Il utilise une lettre qui ne se retrouve pas dans l’alphabet usuel : le schwa, qu’on appelle aussi le « e à l’envers », et qui s’écrit « ə ».
L’alphabet Newell-Hale a été développé dans les années 1970 par un membre de la nation Passamaquoddy, à l’aide d’un autre linguiste américain. Cette façon d’écrire la langue n’utilise que les lettres de l’alphabet usuel, mais en nombre limité.
Il y a trois principales différences entre les alphabets :

Alphabet Newell-Hale Prononciation Alphabet Teeter
o « e » ə
q « gw » ou « kw » kw
u « ou » o

Exemple : Wolastoqey en alphabet Teeter s’écrit Wəlastəkwey.

Dans ce cahier, nous utilisons l’alphabet Newell-Hale, qui emploie uniquement les lettres usuelles (pas le ə). Cependant, il est utile de connaître le fonctionnement de l’alphabet Teeter, qui est d’usage dans plusieurs communautés. Présentement, aucun des deux alphabets ne domine parmi les locuteurs et apprenants du wolastoqey.

Ressources disponibles en ligne

Si vous souhaitez consulter des ressources additionnelles voici quelques adresses :

1.2. Notions de base

Sons et prononciation

Quand on lit le wolastoqey, chaque lettre est prononcée. Ce n’est pas le cas pour toutes les langues. En français, par exemple, le mot « eau » comporte trois lettres mais on ne prononce que le son « o ».
Les lettres qui servent à écrire le wolastoqey ne sont pas toujours prononcées comme elles le sont en français. Voici quelques exemples de différences de prononciation entre le français et le wolastoqey :

Avec un peu d’entraînement, la prononciation du wolastoqey devient rapidement un réflexe.

L’apostrophe en début de mot

L’apostrophe en début de mot est un effet de l’évolution de la langue wolastoqey dans le temps. Elle vient remplacer une consonne qui a disparu avec le temps et que l’on ne prononce plus complètement. L’apostrophe a un effet sur la prononciation de la première syllabe du mot qui la suit.
Exemple : le mot aigle peut s’écrire de deux façons : ‘cihpolakon ou Kcihpolakon.
L’apostrophe nous indique qu’on prononcera « tchi » et non pas seulement « dji ».

La lettre « H »

La présence de la lettre « H » dans un mot a un effet sur la lettre qui la suit.

Lettre après le « H » Effet Exemples
« S » Le « S » se prononce « s » au lieu du son « z » habituel Wahsipekuk
« K » Le « K » se prononce « k » au lieu du son « g dur » habituel Kcihkuk
« P » Le « P » se prononce comme un « p » au lieu du son « b » habituel Kotuhp ?
« T » Le « T » se prononce comme un « t » au lieu du son « d » habituel Nemaht
« C » Le « C » se prononce comme un « ch » au lieu du son « j » habituel Wenuhc
« Q » Le « Q » se prononce comme un « kw » au lieu du son « gw » habi- tuel Akomahq

Structure de la langue et construction des mots

La langue wolastoqey est une langue de la grande famille linguistique des langues algonquiennes.
Comme les autres langues de cette famille, il s’agit d’une langue polysynthétique. Les mots sont construits à partir de termes racines auxquels s’ajoutent des affixes : préfixes, infixes et suffixes. Un préfixe est une particule qu’on ajoute au début d’un mot (par exemple, en français « in- » est un préfixe qui marque la négation : habituel, inhabituel). Un suffixe est une particule qu’on ajoute à la fin d’un mot (par exemple, en français « -s » est un suffixe qui marque le pluriel : un petit, des petits). Un infixe est une particule qu’on ajoute à l’intérieur d’un mot.
Exemple :

Nkansuhsok (mes ancêtres)
n- kansuhs -ok
indique la possession : mes, à moi (préfixe) ancêtre (racine du mot) indique le pluriel (suffixe)

Ce type de structure linguistique permet une grande flexibilité et rend la construction des mots en wolastoqey relativement transparente.

Le genre : animé et inanimé

La notion de genre en wolastoqey ne désigne pas le féminin et le masculin comme en français. Le genre désigne plutôt la propriété du mot d’être « animé » ou « inanimé ». L’identification du genre animé ou inanimé des mots est l’un des plus grands défis dans l’apprentissage du wolastoqey. Comme en français, où l’attribution du genre féminin ou masculin est arbitraire (en effet, pourquoi le mot « table » est-il féminin?), il n’existe pas de règle définitive en wolastoqey pour déterminer le genre animé ou inanimé. Il faut consulter un locuteur ou un dictionnaire pour savoir si un mot est animé ou inanimé et ensuite l’apprendre.
Dans ce cahier, le genre animé est indiqué par (A) et le genre inanimé par (I).

Les personnes grammaticales

Comme en français, il existe des pronoms personnels (je, tu, il/elle, etc.) en wolastoqey. Certains sont les mêmes qu’en français (nil = je, kil = tu), d’autres présentent des différences (il existe notamment deux formes du « nous »). Une particularité du wolastoqey est que les pronoms personnels indiquent également la possession (à moi, à toi, etc.).
Dans ce cahier, nous n’employons que les pronoms nil (je) et kil (tu). Ils peuvent être utilisés dans leur forme complète; dans ce cas, ils sont placés indifféremment avant ou après le verbe. Ils apparaissent aussi sous une forme abrégée, comme préfixes au verbe : n- et k-.

Pronoms personnels en wolastoqey Équivalents en français Autres significations (marquant la possession) Notes
Nil je, moi à moi, mon, ma, mes, le mien, la mienne, les miens, les miennes
Kil tu, toi à toi, ton, ta, tes, le tien, la tienne, les tiens, les tiennes
Nekom il/elle lui/elle à lui / à elle, son, sa, ses, le sien, la sienne, les siens, les siennes Pronom neutre, peut désigner un homme ou une femme
Nilun nous à nous, notre, nos, le nôtre, la nôtre, les nôtres Utilisé quand la personne à qui on parle ne fait pas partie du « nous »
Kilun nous à nous, notre, nos, le nôtre, la nôtre, les nôtres Utilisé quand la personne à qui on parle fait partie du « nous »
Kiluwaw vous à vous, votre, le vôtre, la vôtre, les vôtres Il n’y a pas de vouvoie- ment en wolastoqey. Kiluwaw désigne toujours plusieurs personnes.
Nekomaw ils/elles eux/elles à eux, à elles, leur, leurs, le leur, la leur, les leurs Pronom neutre, peut désigner des hommes ou des femmes

2. Tableau de prononciation

VOYELLES
Écrit Alphabet phonétique international (oral) Exemples en wolastoqey
a [ɑ]
là-bas
aha (oui)
costaqs (tais-toi)
tama (où)
e [ɛ], parfois [e]
lait, étoile
qey (bonjour)
mecopal (s’il-vous-plait)
i [i], parfois [ɪ]
visite, six
opin (assied-toi)
woliwon (merci)
o [ə]
petit, loupe
cipotu (peut-être)
ontama (non)
u [u], parfois [ʊ]
debout, toute
kilun (nous; toi et moi)
tayuwek (quand)
cipotu (peut-être)

Les consonnes qui suivent ont deux prononciations selon si elles se trouvent :
  • entre deux voyelles, ou au début ou à la fin d’un mot à côté d’une voyelle;
  • à côté d’une autre consonne ou après une apostrophe.
c Entre deux voyelles [d͡ʒ]
Jason
mecopal
(s’il-vous-plait)
Avec autre consonne ou apostrophe [t͡ ʃ]
match
apc oc
(au revoir)
k Entre deux voyelles [ɡ]
gallon
kil (tu, toi)
naka (et)
Avec autre consonne ou apostrophe [k]
kilo
ckuwi (viens ici)
tan kahk ? (ça va ?)
p Entre deux voyelles [b]
bébé
cipotu
(peut-être)
Avec autre consonne ou apostrophe [p]
poupée
apc oc
(au revoir)
q Entre deux voyelles [ɡʷ]
guacamole
keq (quoi)
wolastoqey
Avec autre consonne ou apostrophe [kʷ]
équation
emqan (cuillère)
qotatq (cent)
s Entre deux voyelles [z]
maison
possesom
(étoile)
Avec autre consonne ou apostrophe [s]
lisse
mehsi (pourquoi)
psi wen (tout le monde)
t Entre deux voyelles [d]
dormir
cipotu (peut-être)
mahkut (robe)
Avec autre consonne ou apostrophe [t]
travail
wolastoqey kotuwintu
(il/elle veut chanter)

SEMI-VOYELLES
Écrit Alphabet phonétique international (oral) Exemples en wolastoqey
w [w]
wow
wen (qui)
woliwon (merci)
y [j]
yo-yo
wolastoqey
tayuwek (quand)

CONSONNES
Écrit Alphabet phonétique international (oral) Exemples en wolastoqey
h [h]
hahaha !
aha (oui)
macaha (va-t’en)
l [l]
malade
nil (je, moi)
mecopal (s’il-vous-plait)
woliwon (merci)
m [m]
mimosa
ontama (non)
aptelmultineweyal (riz)
n [n]
nature
ontama (non)
wen (qui)
nutaha (sors)

SONORITÉ
Modifications du son Symbole Exemples tirés du français
Allongement voyelle ː
placé après la voyelle allongée
long (ordinaire) : [lõ]
longue (allongé) : [lõːɡ]
Voyelle très brève ; dans le cas du ə, c’est comme s’il était à peine prononcé ̆
placé au-dessus de la voyelle brève
heure (ordinaire) : [oer]
petite (bref) : [pə̆tit]
Accentuation de la voyelle, insistance sur cette syllabe ˈ
placé juste avant la voyelle accentuée
Floride (en français) : [flɔˈrid]
Florida (en anglais) : [ˈflorida]
En général, l’allongement d’une voyelle indique une accentuation sur cette syllabe ; nous n’avons donc pas indiqué l’accentuation (symbole ‘) dans les cas où la syllabe accentuée comportait déjà une voyelle allongée.

Notes supplémentaires :

Cette transcription phonétique a pour simple but de faciliter l’apprentissage de la prononciation du wolastoqey. Il ne s’agit pas d’imposer une prononciation unique, mais d’offrir un outil supplémentaire aux apprenants à partir des efforts d’écriture de la langue, et à partir de la prononciation de quelques personnes qui ont le wolastoqey comme langue maternelle.

Les symboles de l’alphabet phonétique international (API) sont utilisés, permettant ainsi une seule transcription phonétique pour les apprenants francophones et anglophones. Pour une meilleure lisibilité, la transcription se limite à quelques éléments de modification des sons : l’allongement des voyelles (ː), la brièveté des voyelles ( ̆ ) et l’endroit du mot où placer l’insistance (‘).

La transcription phonétique s’appuie sur les enregistrements sonores trouvés dans trois outils en ligne :

Dans les cas où on observe de la variation entre les prononciations, la prononciation du plus grand nombre de locuteurs a été sélectionnée pour la transcription. Dans les cas où il n’était pas possible de voir une prononciation dominante parmi les locuteurs, la transcription s’appuie sur le mot écrit.

3. Weyossisok / Les animaux


Singulier Pluriel Français
Ahahs Ahahsuwok Cheval(aux)
Amakehs Amakehsok Papillon(s)
Amuwes Amuwesok Abeille(s)
Apikcilu Apikciluwiyik Moufette(s)
Athusoss Athusossok Serpent(s)
Cihkonaqc Cihkonaqcok Tortue(s)
‘Cihpolakon Cihpolakonok Aigle(s)
Ehem Ehemuwok Poulet(s)
Kahkakuhs Kahkakuhsok Corneille(s)
Kiwhos Kiwhosuwok Rat(s) musqué(s)
Kuhkukhahs Kuhkukhahsok Hibou(x)
Malsom Malsomok Loup(s)
Mus / Enahkatahat Musok / Enahkatahahticik Orignal(aux)
Muwin Muwinuwok Ours
Olomuss Olomussok Chien(s)
Otuhk Otuhkok Cerf(s)
Polam Polamuwok Saumon(s)
Posum Posumok Chat(s) sauvage(s)
Psuwis Psuwisok Chat(s)
Putep Putepiyik Baleine(s)
Qapit Qapitiyik Castor(s)
Qaqsoss Qaqsossok Renard(s)
Tihtiyas Tihtiyasok Geai(s) bleu(s)
Waptoq Waptoqiyik Bernache(s)

4. Exercices

4.1. Vrai ou faux

1. La nation wolastoqey a une riche tradition orale. VRAI.
2. La langue wolastoqey est parlée aujourd’hui de la même façon qu’elle était parlée il y a des milliers d’années. FAUX. La langue évolue et se transforme de génération en génération.
3. La tradition orale permet de transmettre des connaissances et des manières d’être. VRAI.
4. Il existe deux façons d’écrire le wolastoqey. VRAI. Dans ce cahier, nous utilisons une seule façon, soit l’alphabet Newell-Hale. Cela dit, les deux alphabets sont acceptables ; il n’y en a pas un qui est meilleur que l’autre.
5. La lettre ə est toujours utilisée quand on écrit en wolastoqey. FAUX. Le ə est utilisé seulement lorsqu’on utilise l’alphabet Teeter.
6. En wolastoqey, certains mots sont féminins, d’autres mots sont masculins. FAUX. Ces notions n’existent pas en wolastoqey (mais on différencie tout de même les personnes et les animaux de mâles et femelles). En wolastoqey, le genre n’est pas féminin ou masculin, mais plutôt animé ou inanimé.
7. Il n’existe pas de règle exacte pour déterminer si un mot est animé ou inanimé. VRAI. Comme en français avec le féminin et le masculin, il existe des tendances pour savoir si un mot est animé ou inanimé en wolastoqey, mais pas de règle en tant que telle. Il faut vérifier dans un dictionnaire.

4.2. Aha ou ontama ?

4.3. Jeu d’assemblage

4.4. Alphabet Teeter ou alphabet Newell-Hale ?

4.5. Keq liwisu weyossis ? / Comment s’appelle l’animal ?

4.6. Mots cachés